La Chaire de la famille Blanchard pour l’enseignement et la recherche en soins palliatifs

Entretien réalisé en 2016 avec feu Dr Guy Blanchard (1932 – 2018)

La famille Blanchard, un modèle de don de soi

Guy Blanchard avec sa mère, sa soeur Marguerite et son frère Bernard. Photo : gracieuseté de la famille Blanchard.

Dans la vie, il est un temps pour être étudiant, un temps pour travailler et un temps pour redonner aux plus jeunes ». C’est ainsi que le Dr Guy Blanchard explique avec philosophie sa conception du don philanthropique.

Avec son frère Bernard et sa sœur Marguerite, ces généreux donateurs sont les instigateurs de la Chaire de la famille Blanchard pour l’enseignement et la recherche en soins palliatifs de l’Université de Montréal, en collaboration avec les Oblates franciscaines de Saint-Joseph et de ce qui était à l’époque le CSSS de Bordeaux-Cartierville‑Saint-Laurent. Cette chaire a été créée en 2013, peu de temps après le décès de Bernard et de Marguerite.

« Dans ma famille, le don et l’entraide ont toujours été des valeurs fondamentales. Notre mère a dû subvenir à nos besoins et nous élever seule après la mort de notre père. C’était difficile pour elle, mais elle a su nous transmettre ces valeurs et c’est ce qui nous a inspiré tout au long de nos vies ».

Aujourd’hui âgé de 83 ans, seul membre survivant de la famille et souffrant de problèmes de santé, c’est avec beaucoup d’émotion que le Dr Blanchard raconte l’histoire de sa famille et la vie bien remplie qu’il a menée avec son frère et sa sœur. On peut dire sans se tromper que l’histoire de cette famille tricotée serrée, c’est aussi l’histoire de la médecine au Québec, et un peu celle de la Faculté de médecine de l’UdeM.

Bernard Blanchard a fait ses études à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, alors que Guy, pour sa part, a fait ses études médicales à Ottawa, afin d’honorer une promesse faite par sa mère à Monseigneur Guy, oblat de l’Université d’Ottawa, qui souhaitait y voir plus de francophones catholiques. Il va sans dire que cette promesse représentait un véritable défi pour le jeune Guy, qui a dû apprendre l’anglais en même temps que la médecine.

« Mon frère et moi avons fait notre fellowship en orthopédie à l’hôpital Sacré-Cœur. Par la suite, on nous a envoyé travailler à Moncton où il n’y avait pas assez de médecins francophones, puis nous sommes revenus dans la région de Beauharnois où nous étions seuls pour desservir une population de 250 000 habitants. Nous travaillions littéralement sans arrêt. Les malades avaient besoin de nous, mais nos vies personnelles en ont  beaucoup souffert. Nos mariages respectifs n’ont malheureusement pas survécu à ces temps difficiles ».

À la suite de cette période tumultueuse, les deux frères sont allés se spécialiser à New York pour revenir ensuite à Montréal et ouvrir une clinique pour le traitement et la prévention de la calvitie. Pionniers canadiens dans le domaine, ils sont d’ailleurs devenus des sommités en réduction tonsurale, parcourant le monde pour donner des conférences sur le sujet.

Avec toujours en tête l’idée d’aider leur concitoyen, les frères Blanchard ont continué à travailler en milieu hospitalier sans relâche. Deux jours par semaine, ils montaient à L’Annonciation dans les Hautes-Laurentides. « Cette expérience dans ce coin de pays aura été marquante pour mon frère et moi. Je dirais que c’est en y côtoyant des malades en fin de vie que nous avons pris la décision de soutenir la cause de la recherche et de l’enseignement en soins palliatifs. Cette décision s’est confirmée aujourd’hui, alors que je suis à même d’expérimenter le système de l’intérieur, à titre de patient ».

Le Dr Blanchard invite les donateurs de la communauté francophone à suivre son exemple et à soutenir financièrement ceux qui ont la force et le désir d’aider leurs concitoyens comme son frère, sa sœur et lui l’ont fait.

« Les Canadiens francophones peuvent et doivent aider leurs universités comme le font les anglophones depuis longtemps. Toute ma vie, j’ai travaillé pour soigner mes concitoyens et maintenant que je n’ai plus la capacité physique de le faire, je donne ce que je peux pour que d’autres le fassent à ma place ».

Source : Nouvelles facultaires, 29 mars 2016